carte blanche à Philip Hughes





Repères biographiques :

Lorsque la galerie gimpel & müller de Paris m’a proposé une exposition incluant des artistes que j’admire, j’ai été immédiatement séduit par l’idée. Après mûre réflexion, j’ai choisi Chris Drury et Nicolas de Staël.
J’ai pu concrétiser ce choix grâce au prêt généreux d’une huile sur toile que Nicolas de Staël a peinte à la fin de sa vie, quand il vivait près de Ménerbes, village du Luberon, en Provence. Cette peinture s’intitule “Briançon”, une colline dans la vallée en contrebas du village. J’ai toujours été un grand admirateur de Nicolas de Staël. Les deux importantes rétrospectives que j’ai vues, l’une à la Tate de Londres en 1981 et l’autre au Centre Pompidou en 2003, m’ont beaucoup impressionné. De plus, j’ai eu la chance d’approcher son oeuvre de très près grâce à un ami collectionneur et aux liens d’amitié qui m’unissent à la famille de Staël à Ménerbes où je réside une grande partie de l’année.
Il y a un point commun entre les artistes de cette exposition : Ménerbes et le Luberon. Nicolas de Staël y a vécu et réalisé une magnifique série de petites huiles sur toile représentant ses abords immédiats. Comme je travaille beaucoup dans le village et ses alentours, j’ai fait, en hommage à Staël, une série de tableaux représentant la colline de Briançon. Je suis fasciné par sa cime triangulaire qui se détache tout au long de l’année au travers des vignes.
Le choix de Chris Drury est différent. J’ai une profonde admiration pour son travail ; il est l’un des principaux représentants du « Land Art » - de plus, c’est un grand ami. Il s’est inspiré, pour cette exposition, du Luberon et des paysages variés de la Provence. Il utilise toujours de la terre et a incorporé dans deux oeuvres les fameux ocres de Roussillon, village voisin de Ménerbes, en incrustant un tissage des cartes de la région. Une autre oeuvre intègre une peau de serpent trouvée en Camargue avec de la boue ramassée sur les rives de l’estuaire du Rhône avant qu’il ne se jette dans la mer.
L’exposition témoigne d’un autre lien entre Chris Drury et moi-même. Le British Antarctic Survey (institut britannique d’étude topographique de l’Antarctique) nous a sélectionnés, en tant qu’artistes, pour un séjour dans l’Antarctique à des périodes différentes. Nous présentons chacun une oeuvre de cette époque : celle de Chris a un rapport direct avec le programme de recherche scientifique ; la mienne est basée sur une vue aérienne d’un glacier proche de la principale base de recherche anglaise.
Quant à mes oeuvres personnelles, j’ai choisi des toiles en rapport direct avec les thèmes évoqués : le Luberon et l’Antarctique. En plus des études du Briançon à Ménerbes, j’inclus des oeuvres évoquant les montagnes du Luberon. Elles s’inspirent des marquages des randonnées et de détails glanés au bord de ces chemins.
J’ai ajouté quelques oeuvres réalisées en Australie centrale. Une grande partie de mon travail de ces dernières années est inspirée par les paysages étonnants de cette partie du monde où j’ai souvent séjourné. Ils sont exceptionnels et extraordinaires – à la fois préhistoriques et lointains. Ils sont particulièrement spectaculaires quand on les voit du ciel ! Alors que je survolais l’Australie il y a quelque temps, j’ai fait une série d’esquisses qui a abouti aux deux peintures de l’exposition. Elles représentent les lacs salés et les dunes de sable qui s’étendent en lignes parallèles à perte de vue. Je voulais les revoir en volant à basse altitude et en étant sur terre. J’en reviens, et les dernières oeuvres de l’exposition sont les fruits de ce tout récent voyage.
Pour terminer, je souhaite remercier Jérôme de Staël pour ses conseils et son aide et Chris Drury pour avoir travaillé dans cette région de France si exceptionnelle.

Philip Hughes
Mai 2011

Bibliographie :