John Levee

“Toute création est doublement tragique : d’abord parce que tout choix est élimination puis, à un moment donné, l’inspiration bute contre l’imitation”. John Levee



Repères biographiques :

John Harrison Levee est né en 1924 à Los Angeles. D’origine lituanienne par ses grands-parents paternels, la notion de liberté fut essentielle pour le jeune officier pilote de la United States Air Force. C’est pourquoi il n’hésita pas à combattre la barbarie et atterrit en 1944 sur une plage normande.

Après la guerre, il étudie l'art et la philosophie à l'université de Los Angeles (UCLA) tout en suivant des cours de peinture. Diplömé, il est sollicité par des compagnies aériennes pour être pilote de ligne mais décide de devenir peintre. Une bourse du gouvernement américain lui permet de se rendre à Paris et d'entrer à l'Académie Julian (aujourd'hui Met de Penninghen). Il rencontre Sam Francis.

La peinture de John Levee devient résolument abstraite dès les années 50. Des formes plutôt géométriques se juxtaposent, séparées par des aplats de blanc. Les références aux arts premiers sont nombreuses. Dans les années 70, formes et couleurs s’épurent, il est attiré par la rigueur de l’abstraction géométrique. Les couleurs sont plus vives, les toiles plus dépouillées. Depuis les années 90, il revient à des formes plus libres et travaille en relief, faisant intervenir dans ses compositions des collages de carton plat ou ondulé.


En 1951, La galerie Huit de Paris lui consacre sa première exposition personnelle. En 1955; John Levee rencontre Charles et Peter Gimpel, de la prestigieuse Gimpel Fils Gallery de Londres. Il y exposera régulièrement jusqu’en 1966. Myriam Prévot découvre son travail et l’expose à la Galerie de France dès 1958. Les expositions se succèdent un peu partout, notamment en Israël, Suisse, Hollande, aux Etats-Unis…

Les peintures de John Levee sont présentes dans d’importants musées américains, dont le MOMA et le Solomon R. Guggenheim de New York, européens, dont le Stedelijk Museum d’Amsterdam ou le Kunstmuseum de Bâle. De nombreux musées d’Israël montrent ses œuvres comme le Haifa Museum, les musées d’Art Moderne de Tel Aviv et Jérusalem.

John Levee a été régulièrement invité à enseigner dans de nombreuses universités américaines : New York University, University of Southern California (Los Angeles), Washington University…

A 84 ans, John Levee n’a rien perdu de sa capacité de création. Il a gardé de son pays natal un léger accent et un sourire ravageur. Une personnalité attachante qui fit, un jour, aux côtés de milliers d’autres, basculer l’Histoire du bon côté. “There is never any ending to Paris” pourrait-il dire comme son compatriote Hemingway…


Presse:

Univers des Arts n° 137 (déc. jan 2009) p.12 - www.artistorama.com

Patrick-Gilles Persin

La galerie Gimpel&Müller de Paris, présente une fois encore un artiste que l'on est parfaitement heureux de retrouver sur les cimaises parisiennes: John Levee.

Né en 1924, à Los Angeles, il deviendra vite un peintre de l'Ecole de Paris des plus intéressants. Homme discret et délicieux, sa peinture fut abstraite dès la première heure après qu'il se fût installé à Paris, en 1949. Il fut un de ceux qui, G.I., ont libéré la France, en sont tombés amoureux et n'ont eu qu'un idée: y vivre, comme Koenig et Downing, entre autres !

Américain de Paris donc, il suit des cours à l'Académie Jullian. Bien vite il expose dans les salons parisiens, puis à New-York (Emmerich Gallery), à Los Angeles (Landau Gallery), Chez Gimpel Fils à Londres, à la très fameuse Galerie de France. De nombreuses rétrospectives lui sont consacrées dans de grands musées internationaux (Phoenix, Toulouse, Palm Spring, Nice, Tel Aviv, Haïfa, Jérusalem,..)

Sa peinture est de celle qui bouge sans cesse, en pérpetuelle mutation. Il peint avec frénésie et un permanent enthousiasme. Tour à tour abstraite, lyrique, gestuelle, puis plus proche du dripping, cette peinture évolue vers une abstraction plus construite. L'artiste épris de matière opère un retour au lyrisme, ou plutôt à un expressionnisme abstrait parfaitement maîtrisé. De toutes ses attitudes picturales, de toutes ses recherches, John Levee sait faire la synthèse pour ne plus utiliser, aujourd'hui, qu'une écriture qui lui est très personnelle et de haute tenue.

La Gazette de l'Hôtel Drouot (n°43, 12 déc 2008) - www.gazette-drouot.com

Lydia Harambourg

 John Levee

retour

Retour attendu sur la scène artisitique du peintre John Levee, aujourd'hui âge de 84 ans. Ancien GI, il choisit de vivre à Paris, où il s'installe en 1949, après avoir participé à la Libération en 1944-1945 comme jeune pilote de la United States Air Force. Le prix de l'Académie Julian, en 1950, et une première exposition, en 1951, à la galerie Huit, le placent parmi les chefs de file de la nouvelle Ecole de Paris. Résolument abstrait, il peint des formes géométriques puissamment imbriquées à partir de larges aplats de blanc, posés au couteau. Invité au Salon de Mai en 1954, Myriam Prévost l'y remarque et l'invite à la galerie de France, tandis que Charles et Peter Gimpel le montrent dans leur prestigieuse galerie londonienne, Gimpel Fils gallery, à partir de 1955. Progressivement, son lyrisme évolue versune subtile synthèse entre matière et dessin, couleur et lumière, dans des compositions toujours structurées dont la rigueur s'assouplit de ses souvenirs d'aviateur appréhendant la terre et l'espace différemment. Amoureux de la nature, il est attentif au cycle des saisons qui lui inspirent un rythme binaire dans des compositions structurées. Ce caractère duel, où la douceur et la fermeté du geste se partagent les empâtements et les glacis, caractérise une oeuvre dont les acquis successifs sont stimulés par une spontanéité garante de l'authencicité de son travail mené avec la plus grande exigence. Le dessin écrit sa vision magnifiée du monde, idéalisé par des transparences qui tempèrent l'apreté antérieure au profit des couleurs vives,et spécialement un vert sonore. Depuis les années 1990, le dépouillement de ses compositions s'anime de formes plus originales, renforcées par un relief qui fait appel aux collages de carton plié, plat ou ondulé. Une rythmique nouvelle aux résonnances quasi musicales. celui, qui, aux dires de Georges Boudaille, est "le plus français des artistes américains", connaît une renommée internationale. En 2004, le musée des Beaux-Art de Saint-Lô célébra le soixantième anniversaire du débarquement auquel participèrent John Levee, John Franklin Koenig et Joe Downing, avec une importante exposition rétrospective collective.

Almanart.com (www.almanart.com)
Georges Maisonneuve

Bien que vivant à Paris, John Levee a sa place dans le courant de l'Abstract Expressionism américain : cette exposition a le double intérêt de confronter face à face ses oeuvres des années 50 aux toutes dernières : celles-ci ont évolué vers une maîtrise de la structure que renforce la simplicité des couleurs réduites aux presque seuls blancs et noirs, en pâtes consistantes en relief : la perfection est un très long chemin. Les prix sont modérés compte tenu du niveau.





Bibliographie :

- Cimaise n° 60, juillet-août 1962, pages 68 à 75 (article de Georges Boudaille, nombreuses illustrations)
voir couverture ci-contre

- D' Amérique et de France, trois peintres: Joe Downing, John-Franklin Koenig et John Levee
Musée des Beaux Arts de Saint-Lô, 2004