Repères biographiques :
LA NUIT
ETOILEE DE FABIAN-MILLER
A quoi
rêve donc Garry Fabian-Miller dans sa chambre noire ?
Quels
songes étranges accueille-t-il au moment de composer ses tableaux de
papier ? Quelle est l’odeur de sa nuit ?
Si vous
voulez percer cette énigme, il faut bien comprendre une chose : Fabian-Miller est une somme de négations avant d’être un bloc têtu.
Ce n’est
plus un photographe (il travaille sans appareil photo).
Ce n’est
pas un peintre (il ne frappe ses œuvres d’aucun coup de brosse, il ne dépose
aucune couleur directement).
Ce n’est
pas un vidéaste.
Ce n’est
pas…
Nous
pourrions continuer longtemps ainsi. Garry Fabian-Miller est tout simplement un
magicien solitaire, uniquement soucieux de dompter la lumière. On peut le
distinguer comme un héritier de Man Ray. On peut se laisser séduire par ceux
qui le désignent comme le Rothko de la photographie. Comparaisons justes et
injustes.
Dans son
flirt fiévreux avec le papier photosensible, notre frère anglais invente un art
qui tient de la sculpture. Tout se trame entre quatre murs, dans l’obscurité,
en se jouant de pinceaux de lumière filtrée et infusée de couleurs. Matière
fragile, fragmentée, soudain captée, ligotée et mise à plat !
Cela
tient du tour de force et le trouble naît, précisément, du tremblé de vie qui
surgit aux marges des constructions géométriques acérées de Fabian-Miller.
Tremblement unique pour des œuvres uniques.
Nous nous
demandions à quoi pouvait bien rêver notre ami dans sa chambre noire. Oui, à
quoi rêve-t-il sinon à cette étrange nuit étoilée qui nous gouverne ?
Laurent Greilsamer
ancien directeur adjoint du Monde et écrivain auteur notamment de la biographie de Nicolas de Staël "le Prince Foudroyé"
Garry Fabian-Miller, né en 1957 à Bristol, Grande-Bretagne, est un des grands
photographes anglais d'aujourd'hui. Remarqué au milieu des années 70 pour ses
paysages représentant l'horizon entre ciel et mer.
Il explore depuis 1985 la lumière, la couleur et le temps
au travers d’images obtenues en chambre noire, sans caméra. Ses clichés
s’inspirent des expérimentations des pionniers de la photographie, comme Fox
Talbot, en apportant une résonnance contemporaine très particulière. L’imagerie
de Garry Fabian-Miller résolument formelle bien que profondément spirituelle
s’inscrit dans le modernisme de figures internationales comme Donald Judd,
Elsworth Kelly et James Turrell. Son expression est intrinsèquement anglaise,
influencée par Turner mais également par les peintres d’après-guerre William
Scott, Patrick Heron et Ben Nicholson.
Il est nominé par Jean-Louis Froment pour le ‘Prix
Découverte’ aux Rencontres d'Arles de 2005.
Bibliographie :
- Rayons de Couleurs, Galerie Gimpel & Müller, 2011
- That I might See, HackelBury Fine Art, 2011
- The Colour of Time, Black Dog Publishing, 2010
- Time Passage, James Hyman Fine Art, 2008
- Year One, Ingleby Gallery, 2007 (voir ci-contre)- Exposure, Ingleby Gallery, 2006
- Illumine, Merrel Publishers, 2005
- Thoughts of a Night Sea, Merrel Publishers, 2003
- Tracing Light, 2011
- Under the Sun, Fraenkel Gallery, 1997
- The Gatherer, John Hansard Gallery, 1991